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  • judith veil

"Toutes les familles heureuses" de Hervé Le Tellier

Dans son autobiographie, Hélène Bessette (article précédent) évoque son protecteur chez Gallimard, Raymond Queneau, cofondateur du groupe littéraire l’Oulipo. Et c’est l’autobiographie de l’actuel président de l’Ouvroir de LIttérature POtentielle, qui vient de recevoir le prix Goncourt pour « l’Anomalie », dont je parlerai dans cet article. Avec « Toutes les familles heureuses », Hervé Le Tellier délaisse exceptionnellement la forme Oulipienne (contraintes imposées) pour raconter simplement, à travers une série de portraits et d’épisodes courts, son enfance sans amour.

« Les familles heureuses se ressemblent toutes, les familles malheureuses sont malheureuses chacune à sa façon. » selon Léon Tolstoï. La façon d’être malheureuse de la famille Le Tellier se distingue avant tout par son adhésion sans réserve aux valeurs bourgeoises jusqu’à en perdre le sens de la vie. « Mon beau-père respectait toute forme d’autorité, hiérarchique, policière, médicale, et il obéissait d’ailleurs aussi à ma mère. Faible avec les forts, il était naturellement fort avec les faibles. » À propos de sa mère : « Maintenir les apparences était une activité sociale qui avait de tout temps fortement mobilisé son énergie ». Résultat : « Ma mère et Guy formaient un cas rare de couple fusionnel sans amour. »

Décrits en quelques coups de crayon tout aussi incisifs et tendres, d’autres personnages – et des livres bien sûr - ouvrent à l’adolescent solitaire les portes d’un autre monde à inventer.

J’ai trouvé des similitudes entre cette autobiographie et celle de Gérard Garouste, par exemple dans cette phrase : « je n’ai jamais été un enfant privé, battu ou abusé." Qui rappelle celle-ci : « Il n’est jamais passé à l’acte. Il n’a jamais battu ma mère et ne m’a laissé le souvenir que d’une baffe ». (Gérard Garouste). De même, chez Sophie Chauveau, dans « La fabrique des pervers », on énonce une souffrance imperceptible de l’extérieure, discrète, tant nous sommes habitués à « la domination des enfants » (ouvrage de sociologie sur lequel je ferai un article plus tard).

Autre similitude, cette référence à la Bible : « Honore ton père et ta mère, afin que se prolongent tes jours sur le sol que Yahvé t’a donné. » En interrogeant son étymologie, Le Tellier comprend ce verset comme une injonction à « supporter », « soutenir » ses parents. Je préfère ce qu’en déduisent Sophie Chauveau et Gérard Garouste : il faut mesurer la portée, le poids de nos parents dans nos vie.




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