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  • judith veil

« La femme qui se cognait dans les portes » et « Paula Spencer » de Roddy Doyle

Dans le style « courant de pensée », jamais je n’ai autant aimé un personnage que celui de Paula Spencer : vulnérable et combatif, plein d’humour et de dérision. Portrait d'une femme de la classe ouvrière irlandaise des années 70-80, battue, alcoolique et mère de quatre enfants.

« Nez cassé. Dents déchaussées. Côtes fêlées. Fracture du doigt. Yeux au beurre noir. Epaules, coudes, genoux, poignets. Points de suture dans la bouche. Points au menton. Un tympan crevé. Brûlures de cigarettes sur les bras et sur les jambes. (…) Pendant dix-sept ans. Il m’a battue, cognée, violée. Il m’a balancé dans le jardin. Il m’a balancé du grenier. Poings, bottes, genoux, tête. Couteau à pain, casserole, balai. (…) Parce que j’avais roussi une de ses chemises. Parce que son œuf était trop dur. Parce que le siège des toilettes était humide. Il m’a démolie, il m’a détruite. Et je n’ai jamais cessé de l’aimer. Je l’adorais quand il arrêtait. Je débordais de gratitude, oui de gratitude, j’aurais fait n’importe quoi pour lui. Je l’aimais. Et il m’aimait. Je l’aimais. Il était tout, et moi, je n’étais rien. Je le provoquais. J’étais idiote. J’oubliais. J’avais besoin de lui ».

Nous sommes dans la tête de Paula Spencer, 39 ans. Elle vient d’apprendre que son mari est mort. Elle l’a mit dehors un an plus tôt quand il voulu s’en prendre à sa fille ainée. Elle se remémore leur histoire d’amour, celle d’une jeune irlandaise qui se marie avec un charmant « bad boy ». Elle est heureuse. Il l’a choisi. Il l’aime. Ils rient beaucoup ensemble. Mais un jour, elle est enceinte de leur premier enfant, il la frappe. Et cela ne fait que commencer…

« Paula Spencer » (que j’ai trouvé encore meilleur !) Dix ans plus tard, l’héroïne cumule les emplois de ménage à temps partiel et a pris la décision d’arrêter de boire. Pour elle et pour ses enfants. Devant le conteneur à verre : « L'odeur, celle de l'alcool éventé - l'air rance l'oppresse. Elle grimperait bien à l'intérieur. Elle lécherait tous les bouts de verre et perdrait allègrement tout son sang. Elle saignerait jusqu'à devenir elle-même verdâtre et se coucherait.»



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